Construire, c’est découvrir ou re-découvrir un site, un village, une population, une culture, un passé, et un futur. Ce principe à guider notre projet et afin d’enrichir nos pensées un auteur nous a accompagné. Marcel Perret qui dans son livre “Charmey” nous fait découvrir les lieux et leurs histoire, ce qui nous permet de projeter un futur projet pour cet espace dans une continuité riche et proche des habitants de Charmey. L’extrait suivant démontre les enjeux du projet et montre sur quelle base nous avons travaillé:
“...nos cours d’eau fournissent l’énergie électrique; nos forêts sont entretenues et exploitée rationnellement; notre agriculture travaille le sol de façon intensive; les produits qu’elle verse sur le marché sont à la base de la prospérité de notre région, puisque les chocolats et les fromages de Gruyères ont acquis une renomée universelle. Une de nos richesses naturelles, et non la moindre, a été trop délaissée jusqu’à ce jour : c’est la beauté du paysage, la salubrité du climat, la tranquilité de ce coin de pays à l’écart des grandes villes; en un mot les avantages d’ordre naturel qui permettront à toute la population de Charmey (...) de réaliser des affaires intéressantes en faisant de notre village une belle station de villégiature, de sports et de tourisme.”
“...Le touriste veut compléter son évasion par des distractions qu’il ne trouve pas chez lui. Dès lors, si la panoplie est quasi inépuisable, une question se pose : que peut et que doit offir Charmey à ses hôtes? Eviter d’abord le trivial. Eviter également certaines imitations : les “super-trucs”. La région se doit de faire mieux en continuant la route sur laquelle elle s’est engagéé. Les débuts de la station moderne ont été enveloppé de modestie, de prudence, de craintes des lendemains “qui pleurent”. Aujourd’hui, ces mots signifient intelligence, réussite, génie de la montagne. Les hommes qui ont présidé à ce départ, sont à imiter, les générations futures ne devront pas l’oublier.”
Une observation intense des constructions de Charmey nous ont aidé pour notre projet. C’est un ensemble mixte qui caractérise ces constructions. En bois, les constructions domestiques sont nombreuses. Il existe quelques constructions domestiques en pierre naturelle ou en maçonnerie. Ces “Carrées fribourgeoise” sont souvent à l’échelle de bâtiments publics et sont traités avec beaucoup de finesse. Enfin, les constructions religieuses, chapelles et églises qui marquent le paysage par leur élégante massivité et leur blancheur de toute beauté. La plan de base de notre projet est formée de deux “Carées fribourgeoise”; maisons traditionelles de la région. Les quelques exemples existants dans le village démontrent que ces constructions sont à l’échelle du village.
Le dialogue entre les structures en bois et les structures massives en pierre est une caractéristique très forte de l’architecture de Charmey. Les chalets et les fermes sont régulièrement composés des deux matériaux. Un équilibre entre bois et matériaux pierreux. Ce dialogue se retrouve dans la plus grande partie de la région fribourgeoise. On retrouve dans notre projet cet équilibre entre bois et matériaux pierreux. La structure porteuse est en bois alors que le contreventement et la façade sont en béton, contreventement qui fait aussi office de compartiment coupe feu en cas d’incendie. La structure en bois permet une préfabrication efficace et une durée de montage très réduite. Une couche d’isolation enveloppe la structure et offre une qualité de vie élevée à l’intérieur grace à la bonne isolation du bâtiment. La structure s’habille de béton teinté en blanc pour insérer le bâtiment dans l’ensemble des constructions massives de Charmey et qui ait référence au blanc de certaines façades dans le village. La toiture tente dans ce projet de dialoguer avec le village. La pente se référe aux toiture des chalet du village. La volonté de créer une unité avec les deux volumes nous à mener à créer cette toiture “à quatre pans” qui distingue la construction comme bâtiment public et qui caractérise les espaces sous la toiture.
“ L’ECHELLE DE L’ENFANT “
“Peu à peu, les charmeysans sont considérés comme une population cultivée, la région devient même une pépinière de prêtres et savants.”
Les espaces intérieurs de l’école sont dans ce projet proche du monde des enfants. Des doubles hauteurs et des différentes vues permettent une perception dynamique de l’espace. De fortes relations visuelles sont créées entre les espaces, ce qui les rend très ludiques. Cette configuration spatiale fait aussi référence aux espaces très complexes des chalets de montagne. Un monde de bois, chaleureux et propice au développement des jeunes Charmeysans. La partie Ouest est dédiée aux espaces “communs” du programme alors que les classes se trouvent dans la partie Est. Un monde à l’échelle des tout-petits est créer au rez-de-chaussée avec un faux-plafond abaissé et des vues dans les classes à hauteur d’enfant. L’espace de jeux intérieur semble important afin que les enfants puissent vivre l’école comme un monde de partage et de confrontation avec les autre. Les deux niveaux supérieurs sont dédiés aux classes primaires. Niveaux sur lesquel les couloirs sont pensés comme espaces de rencontre et de jeux.
source: “Charmey” Marcel Perret 1991